Bibliographie des ouvrages imprimés
en langue française de Frédéric Le Play
[*]

par Michel Prat et Antoine Savoye

 

 

 

Le Play a été un polygraphe, un véritable « scriptomaniaque », qui semble avoir vécu plume en main de sa jeunesse jusqu’à sa mort. Sa production écrite est considérable, mêlant imprimés et manuscrits. L’inventaire de ceux-ci reste à faire, en particulier de l’abondante correspondance adressée par Le Play à plusieurs dizaines de destinataires [1], ainsi que des rapports et notes rédigés, dans le cadre de ses fonctions professionnelles, à l’intention de ses supérieurs administratifs. Il faut compter également avec des imprimés non signés (en relation, par exemple, avec son activité dans le cadre des expositions universelles) qui pourraient lui être attribués après authentification.

 

Face à cette masse d’écrits, nous avons choisi de nous en tenir à une bibliographie des ouvrages imprimés en langue française, organisée selon les principes de sélection, de classement et de présentation expliqués ci-dessous.

 

 

Exclusions et inclusions

 

La première conséquence de ce choix est évidemment l’exclusion de la présente bibliographie des contributions de Le Play à des périodiques dont nous réservons l’inventaire pour une autre étape de ce travail collectif [2].

 

Ces contributions sont d’ailleurs relativement peu nombreuses, même si elles ouvrent et ferment la période chronologique de ses publications (1829-1882) [3]. En effet, Le Play ne cherche qu’exceptionnellement à diffuser ses idées et ses travaux par le truchement de la presse quotidienne et des revues généralistes. Il se montre ambivalent vis-à-vis de ces supports dont il envie la large diffusion, tout en se défiant du type de pensée et d’écriture qu’ils induisent et véhiculent. Le journalisme parce qu’il est trop lié à l’actualité immédiate et attise, à ses yeux, les conflits d’opinions, est une forme de travail intellectuel qui éveille sa réticence.

 

Cette réserve à propos de la collaboration à des périodiques ne concerne pas les périodiques scientifiques comme les Annales des mines dont Le Play est un collaborateur régulier, et où il publie quelques notes de lecture ou techniques, et surtout l’ensemble de ses mémoires métallurgiques. Ceux-ci se retrouvent dans la bibliographie des ouvrages imprimés, dans la mesure où Le Play en a donné une édition à part, sous forme d’un livre (exception faite d’une brochure) autonome, repaginé, avec un titre parfois modifié.

 

En revanche, se cantonner aux ouvrages imprimés nous a conduits à exclure les contributions de Le Play aux périodiques des groupements qu’il a fondés, à savoir :

 

- le Bulletin de la Société internationale des études pratiques d’économie sociale (1864-1881) où Le Play intervient pourtant fréquemment, à travers le compte rendu des séances de la Société consigné dans ce Bulletin.

 

Ce type de texte qui est en fait une transcription (sans doute revue et corrigée) d’une intervention orale, réagissant à un exposé ou à une prise de parole d’un confrère, exige une remise dans son contexte, travail qui excède l’objectif de la présente bibliographie ;

 

- l’Annuaire de l’Union qui devient Annuaire de l’économie sociale (1875-1880), organe des premières unions de la paix sociale et de la Société d’économie sociale ;

 

- La Réforme sociale, publiée par un groupe d’économistes, avec le concours de la Société d’économie sociale, de la Société bibliographique, des unions de la paix sociale et sous le patronage de M. F. Le Play (1881), qui devient, après sa mort, La Réforme sociale, organe de l’École de la paix sociale, revue fondée par P.-F. Le Play (1882).

 

De même, nous n’avons pas retenu les préfaces, souvent rédigées sous forme de lettres, que Le Play a données à quelques ouvrages de ses contemporains dans la deuxième partie de son existence.

 

Les notices rédigées pour L’encyclopédie nouvelle (1836-1841) ne figurent pas non plus dans la bibliographie, à l’exception de celles qu’il a jugées suffisamment importantes pour les éditer à part.

 

Par contre, nous signalons ses contributions aux Ouvriers des deux mondes qui est une collection éditée par la Société d’économie sociale, aux deux premiers volumes de laquelle Le Play contribue.

 

 

Principes de sélection, de classement et de présentation

 

 

Sélection

 

Parmi les ouvrages imprimés, nous rangeons les multiples brochures par lesquelles Le Play a donné forme à sa pensée, surtout dans la période militante et prosélyte de son existence. À côté des grands ouvrages « canoniques » comme La réforme sociale en France, elles constituent des textes indispensables à la compréhension de sa doctrine et de son action dans le domaine politique et social.

 

Si Le Play en est le principal rédacteur, il n’en est pas le seul. Un dépouillement minutieux, actuellement en cours, de ces brochures, écrites souvent à plusieurs mains et ayant donné lieu à plusieurs éditions revues et corrigées, permettra de préciser ultérieurement les pages qui reviennent authentiquement à Le Play.

 

Centrée sur l’auteur Le Play, cette bibliographie ne tient compte que de ses propres interventions sur ses ouvrages, interventions qui consistent en des corrections, remaniements, compléments, souvent importants. Lorsque ces modifications sont aisément repérables dans le texte (par exemple, un épilogue), nous précisons les pages concernées dans le commentaire. En conséquence, n’apparaissent pas les rééditions d’ouvrages réalisées après la mort de Le Play [4]. Nous avons, cependant, mentionné les éditions de manuscrits post mortem car elles complètent l’œuvre de Le Play imprimée par ses soins.

 

 

Classement et présentation

 

A été retenu un classement chronologique, distinguant à l’intérieur de chaque année de publication, et dans l’ordre, les ouvrages édités, les ouvrages réédités et les brochures, rééditions comprises.

 

Cette présentation chronologique offre deux avantages à nos yeux. Tout d’abord, elle permet de repérer immédiatement l’activité éditoriale de Le Play et de la rapporter à l’ensemble de son activité. Ensuite, il s’en dégage, sommairement, à la simple lecture des titres, les différentes phases d’intérêt intellectuel qui structurent son existence (phase statistique, phase métallurgique, phase économique, phase sociologique, phase politique). Seule sa phase de recherches en chimie n’émerge pas explicitement, étant restée cantonnée dans des périodiques.

 

Enfin, nous avons assorti la plupart des titres d’un commentaire qui éclaire, en quelques mots, les circonstances de publication de l’ouvrage ou son contenu.

 

Nous espérons que cette bibliographie, avec (ou en dépit de) son orientation sélective, aura atteint son objectif, rendre compte, à sa simple lecture, de l’œuvre protéiforme de Le Play, de son ampleur, de sa progression et de sa diversité intellectuelle [5].

 

 

> Accèder à la bibliographie générale

 

 

 

 

NOTES

 

[*]  Michel Prat et Antoine Savoye, « Bibliographie des ouvrages imprimées en langue française de Frédéric Le Play », in Antoine Savoye et Fabien Cardoni (coord.), Frédéric Le Play. Parcours, audience, héritage, Paris, Presses des Mines, 2007, p. 291-308.

 

[1] Pour un premier inventaire de cette correspondance, on peut se reporter à F. Audren, S. Baciocchi, A. Savoye, « Inventaire des correspondances de Le Play », n° 142-143-144, Les Études sociales, 2006, p. 231-247.

 

[2] Ce travail est en cours associant aux auteurs de la présente bibliographie, Stéphane Baciocchi (CARE, EHESS).

 

[3] F. Leplay (sic), « Analyse d’une tourmaline du Mont-Rose », Annales de chimie et physique, tome 42, 1829, p. 270-282 ; F. Le Play, « Lettre du 29 décembre 1881 », La Réforme sociale, 15 janvier 1882, p. 51.

 

[4]  Le lecteur qui voudrait connaître les rééditions d’ouvrages de Le Play à l’initiative de continuateurs ou de spécialistes, accompagnées généralement de commentaires, pourra se reporter à la bibliographie établie par F. Blum et A. Savoye dans Les Études sociales, n° 117, 1988, p. 33-60.

 

[5] Les ouvrages mentionnés sont pour la plupart accessibles à la bibliothèque de la Société d’économie et de science sociales (CEDIAS-Musée social, 5 rue Las-Cases, 75007 Paris) ou à celle de l’École nationale supérieure des mines (ENSMP, 60 boulevard Saint-Michel, 75006 Paris).

 

 

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